La chaîne et le réseau

 

Chain-Reseau-miniLa fin tant annoncée du travail ouvrier tarde à se réaliser : plus du quart de la population active relève toujours de la classe ouvrière selon l’INSEE. Mieux encore, le travail sous contrainte de temps caractérisant la chaîne s’étend aux services dans la grande distribution, dans la restaurations rapide, voire au travail intellectuel des bureaux d’études.

Peugeot-Sochaux, ambiances d’intérieur. Les auteurs ont séjourné longtemps dans l’usine, au fil des lignes de montage ; l’un deux a durablement tenu un poste de monteur. À la routine quotidienne du travail se mêlent les rapports ambivalents entre générations, entre ethnies, avec une maîtrise décriée et des syndicalistes tout juste tolérés. Alors se construisent des jeux identitaires subtils et discrets tandis que se négocient en permanence des ajustements et des arrangements pour rendre le travail acceptable. Car si les postes de travail ont été améliorés, de nouvelles fatigues sont apparues à travers des cycles de travail sans cesse raccourcis.

La chaîne et le réseau. Le difficile travail à la chaîne demeure parce qu’il offre des compensations symboliques à l’effort. Telle est la raison d’être des ajustements sociaux permanents et des réseaux multiformes qui traversent la réalité des ateliers. Fragile et complexe, l’usine tient sur des compromis sans cesse recommencés. Réseaux sociaux, trajectoires individuelles et régulations se croisent pour cimenter le quotidien ouvrier. C’est de cela que traite ce livre ; car si la chaîne perdure c’est parce que le réseau des hommes au travail se plie aux nécessités. Jusqu’où ?

Parution : Lausanne, 2002