l’Algérie

 

algerie-miniHuit années de lutte armée contre le colonialisme, une nationalisation réussie des intérêts pétroliers étrangers en 1971, une volonté d’indépendance économique nationale : l’Algérie se pose comme l’un des leaders du tiers-monde contre la domination pollitique et économique de l’Occident.
Son engagement aux côtés des mouvements de libération nationale, son soutien actif au Front Polisario, la revendication à l’ONU d’un nouvel ordre économique international en font un animateur important de l’OPEP, du mouvement des non-alignés et de l’OUA.

Cette activité diplomatique masque trop souvent l’intense bouillonnement de l’Algérie intérieure. La rente pétrolière a permis le développement d’un large secteur d’Etat industriel. Les structures sociales s’en trouvent profondément bouleversées : l’aristocratie foncière fait place à une puissante technocratie d’Etat ; la paysannerie pauvre s’embauche massivement dans les usines neuves.
Du projet de développement aux résultats concrets, la distance apparaît souvent bien grande. Les locages ou les hésitations prennent leur source dans un Etat composé de forces sociales et politiques qui restent en partie hétégogènes.

Les valeurs occidentales miées aux technologies et aux biens de consommation importés entament les valeurs familiales et islamiques. La scolarisation massive et la démographie galopante déstabilisent la famille et ses stictes règles de conduite. Il s’ensuit de profonds conflits culturels dont la revendication berbériste ou l’intégrisme religieux sont les manifestations les plus apparentes. De même, le débat autour de l’arabisation témoigne non pas tant de la diversité des populations que des difficultés politiques d’un système qui a verouillé les lieux d’expression populaire. La création littéraire, théâtrale, musicale, picturale et cinématographique reflète cet enchevêtrement de contradictions qui traversent le pays aujourd’hui.

Parution : Bruxelles, 1982